En parcourant le Nouveau Mexique, j’ai eu plusieurs fois l’occasion d’observer de longs trains tractés par des unités multiples de diesels du BNSF… Toujours la même impression d’immensité qui rend les très longs trains encore plus impressionnants. Entre les monuments nationaux de El Malpais et El Morro, la route enjambait la ligne juste au moment où un train passait ; conteneurs sur deux niveaux, quintuple traction en tête et double traction en queue, rien de plus classique :
Deux jours plus tard, je visitais le Parc National de la Forêt Pétrifiée ; la même ligne traverse ce parc dans sa partie nord, au sud du désert peint. L’Atlantic and Pacific Railroad a construit cette partie de ligne en 1882. Localement, cela a amené beaucoup de touristes dans cette zone éloignée de tout mais a aussi énormément favorisé le pillage de la région car le chemin de fer pouvait transporter facilement des tonnes de bois pétrifié et certaines personnes peu scrupuleuses s’en sont donné à cœur joie ! Heureusement que la Parc National a rapidement été créé au début du 20° siècle pour arrêter ce pillage … Bref, voici quelques clichés ferroviaires. Commençons par un long train à l’arrêt, vu de loin, en plein désert :
Ensuite, un court train avec quelques conteneurs sur deux niveaux,
puis des remorques routières sur wagon plat
en enfin des wagons vides de transport d’automobile ; ici, ils sont aussi tagués et transportent les voitures sur trois niveaux :
Puis ce fut un très long train de wagons porte-conteneurs tracté par seulement deux machines qui roulait vers l’ouest :
Depuis le pont enjambant la ligne, voici la structure der ces «wagons-poche» qui admettent les conteneurs sur deux niveaux :
Ils sont souvent groupés par cinq sur six boggies car la charge à l’essieu le permet… Pour terminer, voici à 7 km de là l’Interstate N°40 dont le tracé est parallèle à la voie ferrée :
Le 23 mars, je vous avais montré un magnifique réseau évoquant la voie empruntant le col de Tehachapi pour passer de la vallée centrale de Californie à la plaine côtière de Los Angeles. Eh bien, le hasard faisant bien les choses, je suis passé le 12 avril par ce col où j’ai pu prendre «au vol» un train gravissant la rampe sud
La journée finissante, l’observation du GPS et un signe «Tehachapi Loop» au bord de l’autoroute m’a incité à aller voir sur place. Sur une route secondaire, plusieurs points d’arrêt permettent d’observer la ligne et notamment la boucle qui permet à la voie de gagner de l’altitude ; la voici dans son ensemble :
Cette boucle se trouve sur la rampe nord, longue de 45 km avec une pente de 22 pour mille, et qui compte 18 tunnels et 10 ponts. La ligne a été construite de 1874 à 1876 grâce à de nombreux ouvriers chinois originaires de Canton et, en reliant San Francisco à Los Angeles, a notamment permis le développement de cette dernière. Actuellement, une quarantaine de trains de fret l’emprunte journellement. Le passage d’un train est assez spectaculaire car, s’il est long, les machines de tête se trouvent presque à toucher la fin du train, et même passer sous lui !
Après avoir observé ce premier long train descendant, en voici un deuxième plus court dont les machines de tête sont déjà dans la tranchée précédant le tunnel et la queue au dessus du même tunnel :
La boucle est à double voie mais le tunnel et la ligne en amont sont à voie unique ; plus loin, d’autres sections de la rampe sont aussi à double voie. J’ai du attendre la nuit tombante pour assister à la montée d’un train ; c’est vraiment impressionnant et avec le mugissement des moteurs des locos en unités multiples, le spectacle est total ! Les trois puissants phares éclairent la voie à la sortie du tunnel :
puis le train en émerge :
Un peu plus tard, les 5 machines passent au dessus du débouché du tunnel :
Encore un peu plus tard, de l’autre côté de la colline, ce train assez court va s’éloigner en serpentant vers le sommet …
Voulant photographier et filmer ce spectacle le lendemain matin avec un bon éclairage au lever du soleil, je suis resté sur place passer la nuit dans mon camping-car ; mais, grande déception, le lendemain, les nuages et le brouillard enveloppaient le paysage et il n’y avait plus que le son ! Si vous avez Google Earth, entrez les coordonnées suivantes dans la barre de recherche et vous serez au centre de la boucle : N 35.20109° W 118.53635° Bon voyage !
Ce chemin de fer touristique à la mode américaine (beaucoup d’animations, de business et de mise en scène) utilise une ancienne ligne établie en 1911, financée par le sénateur William A. Clark pour $1.3 million de dollars afin de desservir une mine de cuivre et plus tard alimenter l’usine de traitement associée, notamment en charbon venant du Wyoming. Après abandon de ces industries, un « amateur » fortuné, Dave Durbano, a racheté la ligne pour la transformer en ligne touristique et vraisemblablement aussi pour «faire du fric» Le billet coûte 55$ en «coach» et 80$ en «first» et il y a du monde tous les jours dans cette région de Sedona, hyper touristique avec ses magnifiques formations de grès rouge :
L’exploitation est basée sur un A/R de 2X24 miles (soit 77 km au total) assuré par un très long train de dix-huit véhicules :
Votre place (en coach) est attribuée dans une voiture restaurée équipée de sièges doubles à dossiers réversibles
et d’un minibar à l’une de ses extrémités, tenu tout le long du trajet de 3H30 par une hôtesse qui propose force encas et souvenirs. A une ou deux de ces voitures est attribuée une «outdoor viewing platform»,
voiture entièrement reconstruite pour permettre, à la manière de nos – trop rares – «barques» du train jaune, une immersion totale dans le paysage. Dans cette voiture se tient un accompagnateur qui complète avec force détails le commentaire diffusé par haut-parleurs. Il n’y a pas d’intercirculation tout le long du train, mais seulement entre la outdoor viewing platform et la voiture qu’elle dessert. Le parcours est très tortueux car il suit le cours de la rivière Verde (du bassin du Colorado) Sur la première moitié du parcours la vallée est large et étendue et la rivière est accompagnée d’une traînée dont le vert tranchait déjà avec le désert environnant :
Puis c’est l’entrée dans le canyon permettant à la rivière de traverser une chaîne de montagnes
La deuxième moitié du parcours suit toujours la rive gauche et les changements de direction dépassent souvent 180° ; les parois sont parfois impressionnantes
mais un seul tunnel a été nécessaire pour couper un méandre trop serré. A part celui-ci et le trestle de la deuxième photo, le seul ouvrage d’art remarquable est un pont métallique permettant de franchir la Verde River juste avant le terminus de l’exploitation touristique où une remise en tête a lieu pour le retour.
Quand on pense que cette ligne a été construite « de main d’homme » en à peine plus d’une année, c’est vraiment impressionnant ! Des tas de vieilles traverses régulièrement répartis tout au long de la ligne et deux wagons de ballast témoignent d’un entretien régulier de la voie.
Le matériel moteur est constitué d’un couple de deux diesels venant du chemin de fer le l’Alaska et reconditionnés intégralement pour cette exploitation qui se fait à la vitesse modérée de 12 mph (= 19 km/h) Deux diesels de secours sont également présents.
Vous pouvez consulter lee site de ce touristique, très bien fait avec de nombreuses photos : http://www.verdecanyonrr.com/ Et si vous en voulez davantage, aller sur Google Earth et recopiez dans la barre de recherche les coordonnées de la gare de départ : N 34.775812°, W 112.056599° puis suivez le tracé de la ligne… de nombreuses photos sont disponibles…
